Donner aux entreprises les conditions de compétitivité et de souveraineté

Réélu en avril à la présidence du Medef Haute-Savoie, qu’il exerce parallèlement à celle du Medef Auvergne-Rhône-Alpes, du comité national des mandats et de la conformité, ainsi que des entreprises Promedif et Mérial, Jean-Luc Raunicher multiplie les responsabilités. Des engagements qu’il entend affirmer sur tous les fronts dans un contexte sous tension

Depuis votre arrivée à la présidence du Medef régional, comment votre vision de cette mission a-t-elle évolué ?
« En 2018, j’avais affirmé une ambition : rendre notre organisation encore plus représentative et pleinement au service des entreprises. Depuis, cette conviction n’a fait que se renforcer. Les transformations que nous traversons imposent de nouveaux défis : renforcer l’attractivité de nos territoires, répondre aux tensions de recrutement et à la hausse des coûts. Mais l’essentiel reste de donner aux entreprises les conditions de compétitivité et de souveraineté dont elles ont besoin pour produire, investir et innover. Il nous faut donc agir rapidement, avec pragmatisme et territorialité

Que représente pour vous le projet The Progress Factory ?
Ce projet de formation illustre l’ADN du Medef Auvergne-Rhône-Alpes : être au service des entreprises et anticiper les besoins de demain. The Progress Factory a été pensée en coconstruction avec les acteurs économiques pour répondre aux réalités du marché : numérique, RSE, reconversion professionnelle, alternance et mobilité. Elle démontre la capacité du Medef Auvergne-Rhône-Alpes à être un incubateur de solutions innovantes. Notre rôle est de veiller à ce que cette école garde un lien avec les réalités locales, qu’elle progresse et s’adapte en permanence.

Comment évaluez-vous la santé économique des entreprises régionales ?
Nos entreprises ont fait preuve d’une résilience remarquable malgré la succession de crises. Mais les fragilités demeurent : le coût de l’énergie, l’inflation et les difficultés de recrutement continuent de peser lourdement. Certains secteurs, comme l’industrie et l’agroalimentaire, tiennent bon et parviennent à préserver une certaine compétitivité. À l’inverse, le BTP et certains services souffrent davantage, confrontés à des marges réduites et à des incertitudes fortes sur la demande. Une tendance claire se dessine : les entreprises qui investissent dans l’innovation, le numérique et la transition écologique réussissent mieux à se projeter dans l’avenir.

Quel regard portez-vous sur le contexte politico-économique ?
Les entreprises ont l’impression qu’on leur demande toujours plus, sans leur donner les moyens de réussir. L’ancien projet budgétaire faisait peser des charges et des contraintes excessives sur les employeurs, alors même qu’ils sont le moteur de l’investissement et de l’emploi. Nous attendons du nouveau projet qu’il apporte de la lisi-bilité, de la stabilité et une baisse réelle des charges. Mais au-delà de la fiscalité, nous appelons surtout à une simplifi-cation normative.

Face aux rapports de force avec les États-Unis et l’UE, comment préserver compétitivité et souveraineté ?
Nos entreprises doivent absolu-ment continuer à produire et à investir en France. C’est à la fois une condition de compétitivité et de souveraineté. Le danger, ce serait une double dépendance : énergétique et technologique. Pour l’éviter, il faut consolider nos filières industrielles, investir dans l’innovation et soutenir les relocalisations.

Dans ce contexte, la transition écologique peut-elle passer au second plan ?
Au contraire, la transition écologique est une opportunité et non un frein. Elle doit être considérée comme un levier de compétitivité. Les entreprises qui misent sur la sobriété énergétique, l’économie circulaire et l’innovation verte seront celles qui tireront leur épingle du jeu. Le rôle du Medef est de les accompagner pour que cette transformation ne soit pas subie, mais choisie.

Quelle place accordez-vous à l’expert-comptable ?
L’expert-comptable est un partenaire stratégique du dirigeant. Il accompagne les transformations, aide à anticiper les risques et facilite les décisions. À l’avenir, sa valeur ajoutée résidera dans sa capacité à guider les entreprises dans des environnements de plus en plus incertains et complexes. Son métier sera de plus en plus celui de partenaire stratégique au service de la performance et de la durabilité des entreprises. »