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Blockchain et cryptomonnaie : Notre profession doit s’impliquer

Zoom, avec Romain Perrier, expert-comptable installé à Lyon, sur les cryptomonnaies et la technologie qui en est à l’origine, la blockchain. Une révolution du même niveau que l’apparition d’Internet, il y a une trentaine d’années. Ses débuts sont observés avec autant d’interrogations que de craintes.

Comment peut-on définir la fameuse blockchain ?

La blockchain est une technologie assimilée à un grand registre numérique décentralisé et régi par un protocole informatique. Autonome, elle permet concrètement de stocker et d’échanger de l’information et de la valeur. Chacune de ces transactions est enregistrée, conservée de manière permanente et ne peut être modifiée. La blockchain permet d’envoyer de la valeur de pair-à-pair, sans passer par un tiers de confiance.

Doit-on avoir peur de la cryptomonnaie ?

Il existe plus de 4 000 cryptomonnaies, reposant sur différentes blockchains. La plus connue et la plus ancienne étant le bitcoin. Actifs numériques, leurs valeurs restent très volatiles car basées sur la loi de l’offre et la demande. Ce sont des actifs spéculatifs avec lesquels il faut être très prudent. Leur avantage : les transactions de cryptomonnaies sont sécurisées, tracées, accessibles au plus grand nombre et gravées sur la blockchain. Il est impossible de falsifier une transaction dans le but d’en détourner les actifs.

Quel peut être l’impact de cette nouvelle technologie sur la profession ?

Dans nos métiers, nous pouvons avoir des clients qui utilisent cette nouvelle technologie (Web 3.0). Cela nous impose d’être, nous-mêmes, formés. Si, demain, un client, restaurateur, accepte le bitcoin, son expert-comptable doit être en capacité de traiter cette problématique en termes de comptabilisation ou de fiscalité. Cet écosystème est très jeune. Il peut exister des abus et réglementer l’ensemble est une nécessité, notamment pour les consommateurs. Un léger cadre fiscal et comptable existe déjà au niveau français. En 2023, la loi Mica va harmoniser la réglementation au niveau européen. La blockchain peut aussi servir à mettre en place un registre des diplômes infalsifiable. Cette fonction de tenue de registre, inviolable, peut être également utilisée pour le cadastre, notamment dans les pays où la corruption est importante. Nous n’avons pas encore les cas d’usage pour notre profession, mais on peut imaginer que cela pourrait éviter certaines problématiques.

Disrupter nos métiers et les faire évoluer

Romain Perrier, Expert-comptable

Quel nouveau rôle pour la profession dans cet écosystème de demain ?

Avec l’arrivée de cette technologie, le métier va être bouleversé : ces protocoles vont pouvoir automatiser des tâches que nous faisions manuellement, comme la facturation ou la tenue comptable. Notre profession doit prendre conscience de ce bouleversement et travailler pour proposer à nos clients l’accès à l’ensemble de cette technologie, les informer, les accompagner. Dans les années 2000, bon nombre d’observateurs imaginaient qu’internet allait remplacer notre profession car beaucoup d’informations étaient disponibles sur le web. Or nous constatons que, en dépit de sites Internet très riches en termes d’informations pour nos clients, le professionnel du chiffre demeure un interlocuteur privilégié pour les chefs d’entreprise. Il en sera de même avec la blockchain.