/

Business model de la profession

Cabinet « phygital » : le nouveau visage de l’expertise comptable ?

Né de la contraction de « physique » et de « digital », le terme « phygital » désigne la parfaite association de ces deux notions au sein d’un seul et même service. Initialement imaginé et conçu pour les entreprises de Click and Collect, le concept s’est rapidement popularisé jusqu’à s’adapter aux cabinets d’expertise comptable, à l’instar du cabinet Phygitalis. « Aujourd’hui, je propose une expérience client 100 % digitale, tout en conservant la dimension relationnelle du conseil, des rencontres et de l’humain. Ce concept de “phygital” existe depuis une dizaine d’années et a d’abord été utilisé par les grands centres commerciaux. Il peut également s’appliquer du côté de la relation et de l’expérience client. J’ai alors pensé que le transposer dans mon domaine avait du sens », raconte Julien Ballandras, expert-comptable dans l’Ain. Diplômé en 2019, Julien a exercé au sein de différents cabinets de la région avant de lancer deux années plus tard, ex nihilo, son propre cabinet entièrement réfléchi et tourné sur le modèle « phygital »… Et ce, jusqu’à son nom. 

Le nouvel eldorado

« Lors de la création de ma structure, le numérique était déjà quelque chose d’essentiel dans l’organisation d’un cabinet d’expertise comptable. J’ai ainsi mis en place et proposé une organisation entièrement digitalisée à mes clients en leur fournissant un espace web et une application mobile, pour à la fois déposer les pièces comptables et accéder aux documents émis et traités par le cabinet. Aujourd’hui, c’est une condition, voire un impératif nécessaire pour la bonne organisation d’un cabinet, garantit le professionnel de 33 ans. Côté physique, j’ai mis un point d’honneur à conserver une relation de conseil en présentiel. Ma clientèle est majoritairement composée de TPE et je me rends compte que ces dirigeants ont besoin de cette relation humaine de confiance. » 

Quels sont les avantages ?
  • Gain de temps et d’argent ;
  • Communication avec les clients plus simple ;
  • Autonomie des clients plus grande ;
  • Rapidité et réactivité des échanges et des relances clients ;
  • Automatisation des tâches ;
  • Consultation de la comptabilité en temps réel ;
  • Réalisation de factures en ligne, de manière rapide et fiable ;
  • Sécurisation des données.

La facturation électronique pousse les cabinets à se diriger dans le sens du digital car ils n’auront pas le choix. Le vrai avantage aujourd’hui de proposer un cabinet « phygital » est d’offrir aux clients une organisation qui leur sera imposée demain.

Julien Ballandras, expert-comptable

« Le “phygital” modernise l’image du cabinet, facilite les échanges avec les clients et surtout évite les pertes de temps, comme pour le tri des documents en papier ou lors du travail de révision. Il existe des avantages pour le cabinet comme pour le client. Mais pour sauter le pas, il faut s’équiper d’outils et entièrement se digitaliser, prévient Julien Ballandras. Demain, le cabinet “phygital” se différenciera des autres cabinets entièrement digitalisés puisqu’il parviendra à conserver cette relation client humaine qui fera la différence. » 

La digitalisation est devenue une nécessité pour les cabinets

Anne-Hélène Mathieu, expert-comptable

« Phygital » ou non, d’autres cabinets entièrement digitalisés de la région ont aussi participé à cette course au numérique, bousculant au passage le modèle économique traditionnel de l’expertise comptable, jugé démodé. Parmi ces professionnels, précurseurs en la matière, on retrouve Anne-Hélène Mathieu, expert-comptable associée chez Pyramide Conseils à Lyon. « J’ai lancé cette démarche en 2016 avant de rejoindre en 2021 le cabinet dans lequel j’évolue actuellement, où le 100 % digitalisé est aujourd’hui la norme. Pour certains des confrères, ce nouveau mode de fonctionnement paraît révolutionnaire. En réalité, il s’agit de quelque chose de très profond puisque l’on dispose depuis un moment des outils nécessaires, explique-t-elle. Avant, la digitalisation totale était un choix stratégique. Aujourd’hui, je suis convaincue que c’est une obligation. On ne peut pas faire autrement, car l’échéance de la facturation électronique arrive. Si on attend encore, personne ne sera prêt. » 

Comment cela s’organise-t-il au quotidien ?

Anne-Hélène Mathieu exerce son activité dans un fonctionnement pensé et articulé autour d’une offre « full digital » qui propose, grâce à une veille technologique, un éventail d’outils novateurs aux clients. Dans le désordre : logiciels de facturation, de pré-comptabilité, de gestion, de gestion du processus d’achat, de stock et de trésorerie, application de gestion de notes de frais, de règlement des fournisseurs… « À travers cette approche, on ne vend pas uniquement de la comptabilité, mais plutôt un ensemble global de prestations. À chaque mission dite classique et relative à notre profession, on incorpore des outils numériques », détaille la Lyonnaise qui accompagne ses clients en fonction de leur niveau de digitalisation. 

« C’est rarement suffisant, alors aujourd’hui, on accompagne les équipes d’une infrastructure digitale pour que l’on puisse travailler ensemble. Et on observe un gain de temps monstrueux, pour eux comme pour nous, mais aussi le développement de nouvelles missions et une montée en compétitivité. »