/

Cultiver l’art de la longévité

C’est sur le sol drômois que la Maison Revol est née en 1768. Deux cent cinquante-quatre ans de porcelaine, une histoire, des remises en question, des innovations et toujours la volonté de garder cet ancrage familial sans lequel rien ne serait possible. Rencontre avec Olivier Passot, aux commandes depuis 2007 de cette société au savoir-faire séculaire, qui a su garder l’essentiel : son audace, sa créativité, au service d’un art de vivre à la française qu’elle exporte aujourd’hui dans 88 pays.

Depuis sa création, la petite manufacture s’est progressivement muée en maison d’excellence dans l’univers des porcelaines culinaires, sans jamais renier son identité. « Dans un métier énormément concurrencé par les produits importés, nous devons sans cesse nous réinventer pour survivre. L’audace, valeur cardinale, nous a permis de ne rien nous interdire », explique Olivier Passot. Une audace qui se conjugue avec une créativité exacerbée. Depuis sa naissance, et encore plus ces dernières années, Revol ose, tente, explore, innove et mise sur le design en interne comme sur des collaborations d’envergure internationale. « La créativité mais aussi l’engagement et l’excellence sont les valeurs ajoutées qui nous permettent de nous différencier », souligne le dirigeant.

Cultiver l’art de la longévité

Olivier Passot, Président de Revol Porcelaine

La monde en ligne de mire

Depuis que Bertrand, le père, s’est lancé sur la scène internationale dans les années 1970, les porcelaines de la Maison Revol ont conquis le monde. Elles s’exportent aujourd’hui dans 88 pays. « L’international représente 75 % de notre chiffre d’affaires. Avec mon frère, nous cultivons cette envie de découvrir d’autres cultures, notamment culinaires. Une curiosité affirmée qui nous permet d’adapter nos produits à des marchés à potentiel. Notre recette ? Intégrer les us et coutumes culinaires de ces pays dans nos créations. » Parmi les moments qui ont marqué le parcours de l’entreprise familiale, son implantation en Chine dans les années 2000. L’ingrédient essentiel de cette croissance ininterrompue : une farouche volonté d’indépendance et des racines locales solides. « Il a fallu faire des choix, travailler sur la marque pour éviter de se faire engloutir. À partir du moment où nous avons décidé de conserver notre production en France et de miser sur notre valeur ajoutée, nous avons mis toutes nos forces dans l’innovation, la recherche et développement. Nous avons recruté des designers, des céramistes et nous nous sommes mis en mode combat sur le plan de la créativité. Nous sommes allés chercher des compétences à l’extérieur pour travailler avec des designers reconnus pour leur signature. Nous avons fait un travail de fond sur notre offre mais aussi sur l’histoire de l’entreprise pour la valoriser et asseoir sa notoriété », raconte Olivier Passot. De cette stratégie assumée découlent les innovations-clés de la marque. L’emblématique gobelet froissé – créé en 2000 –, la porcelaine noire en 2006 ou encore les cocottes adaptées à l’induction pour maintenir en température sur le buffet des hôtels, font de l’entreprise familiale un précurseur.

Rester enraciné, en dépit des remous

Le 11 septembre et plus récemment la pandémie ont malmené la Maison Revol, qui n’a jamais lâché ses fondamentaux : capitaliser sur son savoir-faire, son identité et sur cet art de vivre à la française mondialement reconnu. « Pendant ces périodes difficiles, nous avons déposé des brevets comme la céramique recyclée que nous sommes les premiers à lancer sur le marché », raconte encore Olivier Passot. À l’arrêt comme leurs clients pendant la pandémie, les trois cents collaborateurs du fabricant de porcelaine drômois ont dû patienter, maintenir l’essentiel. « Comme à chaque coup de frein, nous en avons profité pour travailler la stratégie, renforcer nos fondamentaux, analyser les tendances… Nous avons réfléchi à la manière de sortir plus agiles de la crise que nous venons de traverser. Ce temps de pause « contraint » a été bénéfique, puisque nous avons aujourd’hui dépassé notre plus haut historique de 2019, ce qui est très satisfaisant. Et les perspectives restent bonnes. »

Un art culinaire design

Sa marque de fabrique ? De Noé Duchaufour-Lawrance à Ferréol Babin en passant par Färg Blanche, Sismo ou encore « Tous les trois », une fois par an, la Maison Revol collabore avec un designer de renom pour créer une collection emblématique. Trois ans de préparation sont nécessaires pour chaque collection cosignée. Un nouveau projet est en route pour 2023. Une façon de maintenir l’exigence d’excellence. En attendant, comme depuis 254 ans, la céramique se réinvente et la relève se prépare dans les fours des ateliers de Saint-Uze…

Notre expert-comptable : « Un regard extérieur capable de nous challenger »

« Conformément à nos valeurs, nous restons très loyaux. Même si, entre-temps, le professionnel qui nous suivait a été racheté, nous travaillons avec le même cabinet depuis mon entrée dans l’entreprise. Son rôle : apporter ce regard extérieur sur notre activité qui parfois nous manque. Nous aimons avoir des gens qui soient capables de challenger, de conseiller, mais aussi de critiquer. Nous faisons appel à notre expert-comptable aussitôt que nous avons des raisonnements stratégiques, financiers avec une relation de confiance exemplaire. C’est le fruit d’une collaboration qui dure dans laquelle on ne s’interdit rien. »


Le secret de la longévité ?
« L’envie de tout envisager à long terme. Nous raisonnons toujours à vingt ou trente ans. Nous travaillons sur le temps long car cela fait 254 ans que nous le pratiquons. La relève et les générations suivantes nous animent. Nous nous appliquons à rester indépendants et cultivons notre esprit familial avec toujours une gestion en bon père de famille pour progresser, grandir et pérenniser. »