Frédéric Toubeau, directeur de Pôle emploi en Auvergne-Rhône-Alpes

Frédéric Toubeau
Frédéric Toubeau

Alors que le taux de chômage a fortement diminué en 2021, certains secteurs peinent toujours à recruter. Les explications de Frédéric Toubeau, directeur de Pôle emploi en Auvergne-Rhône-Alpes.  

Frédéric Toubeau
Frédéric Toubeau

Avec 7 % de taux de chômage à fin 2021, peut-on dire que la région est proche du plein emploi, tel que le définit Élisabeth Borne ? C’est vrai qu’on parle de plein emploi quand on est aux alentours de 5 %. En région, on a un taux de 7 %, le dernier taux connu pour le troisième trimestre. En volume, le nombre de demandeurs d’emplois a chuté de 14,4 % en un an en Auvergne-Rhône-Alpes. Ce chiffre passe de 407 660 à 348 900, soit 58 000 demandeurs d’emploi de catégorie A en moins.

Comment l’emploi salarié a-t-il évolué dans le même temps ? L’emploi salarié a fortement augmenté : en un an, la région a gagné 79 000 emplois. C’est inédit. À titre de comparaison, l’année 2019 avait vu la création de 41 000 emplois. Il s’agit d’une hausse de l’emploi salarié de +2,6 % contre +2,2 % à l’échelle nationale. D’ailleurs, il n’y a jamais eu autant d’offres d’emploi sur le site de Pôle emploi, soit un peu plus d’un million en France, dont 158 000 en Auvergne-Rhône-Alpes. 60 % de ces offres à pourvoir sont des CDI.

Comment expliquezvous la forte baisse du chômage en 2021 dans la région ? Le dynamisme économique et l’attractivité du territoire sont évidemment la première raison. Mais c’est le fruit des plans de soutien, de relance et des nombreuses actions menées par Pôle emploi et ses partenaires : 1jeune1solution, les périodes de mise en situation en milieu professionnel (PMSMP), l’aide à la formation préalable au recrutement, les emplois-francs, les plans d’investissement dans les compétences…

Ce sont plutôt de bonnes nouvelles… Absolument, mais il faut rester prudent car le marché de l’emploi dépend bien évidemment des fluctuations du contexte économique. De plus, Auvergne-Rhône-Alpes n’est pas une région uniforme, il y a de fortes disparités entre les douze départements.

Quels sont les secteurs en tension ? Le BTP, les transports, la logistique et les métiers du soin ont toujours rencontré des difficultés à recruter et la situation s’est accentuée avec la crise sanitaire. D’autres secteurs ont vu s’évaporer un nombre important de salariés, comme l’hôtellerie-restauration. Ensuite, le numérique poursuit son expansion dans les entreprises de manière transversale : 8 200 emplois de l’informatique et des télécommunications sont à pourvoir actuellement dans la région. Enfin, le secteur achat-comptabilité et gestion représente 12 700 offres d’emplois disponibles en Aura, dont 85 % en CDI.

Comment ces entreprises peuvent-elles réussir à recruter ? Face à ces tensions inédites, nous observons un changement de paradigme dans l’approche de recrutement de nombreuses entreprises. Les mentalités ont rapidement évolué : les recruteurs sont plus ouverts, moins sélectifs par rapport au parcours, à l’âge, au niveau de formation ou même par rapport au sexe. Certains secteurs se féminisent plus rapidement qu’avant (transport ou BTP). Nombre d’entreprises ont compris qu’elles devaient aussi être plus attractives.

La dynamique actuelle va-t-elle se poursuivre ? Difficile de faire des prévisions, d’autant plus dans le contexte d’incertitude actuel. Cependant, des éléments positifs sont à souligner : qui aurait parié sur une telle reprise économique il y a deux ans, en pleine crise sanitaire ? Avec les plans de soutien et de relance, le constat est là, c’est factuel : cela a porté ses fruits sur l’emploi. Le Président de la République vient aussi de dévoiler son plan pour le nucléaire français, qui comprend la construction de six nouveaux réacteurs, dont probablement deux en Auvergne-Rhône-Alpes. Ce sont des milliers d’emplois à la clé : en moyenne 3 à 4 000 emplois par réacteur.