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Le rôle de l’Urssaf est un mal pour un bien nécessaire

Marc Poisson, Ursaff

Depuis fin septembre, Marc Poisson est le nouveau président de l’Urssaf Caisse nationale. Il était jusque là président de l’URSSAF Rhône-Alpes. Élu à l’unanimité après la démission de son prédécesseur, le chef d’entreprise lyonnais entame à 61 ans un nouveau mandat patronal de deux ans. Un challenge exaltant qui parachève une riche carrière syndicale menée de front avec sa vie de patron à la tête du groupe familial Rolando & Poisson, spécialisé dans le bâtiment. 

Que représente pour vous cette nouvelle présidence ?

Elle me tombe un peu dessus, mais cela confirme que mon profil correspond aux besoins actuels. Quand j’ai été élu président de l’Urssaf Rhône-Alpes il y a six ans, je redoutais quelques réticences à mon égard. Mais j’ai reçu une forme de bienveillance parce que les Français comprennent que le rôle de l’Urssaf est un mal pour un bien nécessaire à notre modèle économique et social, qui agit aux côtés des entreprises et au service des assurés. Elle récupère l’argent (600 milliards d’euros pour 11 millions d’usagers, NDLR) qu’elle redonne immédiatement aux caisses de répartition : maladie, vieillesse, chômage et famille. Personne n’aime payer ses charges sociales, mais tout le monde est content d’être remboursé dans ces situations.

Par le passé, vous avez présidé plusieurs organismes dans les milieux patronaux. Qu’appréciez-vous à travers ses engagements ?

Dans l’action syndicale, deux choses me plaisent. D’abord, il y a le sentiment de pouvoir bouger quelques curseurs dans le quotidien des entrepreneurs, au regard de la chose politique et publique. Cela permet de mieux supporter certaines lois ou décisions qui sont quelquefois… surprenantes. L’autre aspect que j’apprécie est l’ouverture aux autres. Il est enrichissant de ne pas rester cantonné à ses clients, mais de sortir de ses murs et de découvrir d’autres personnes. On se nourrit de la différence, des rencontres et on apprend. C’est un genre de formation continue que j’affectionne.

Quel type de président souhaitez-vous incarner ?

Dans la continuité du travail engagé par l’Urssaf, ma mandature sera placée sous le signe de l’échange et du dialogue. Je souhaite nouer le contact avec les acteurs du monde économique, puisque c’est mon rôle de les rencontrer. Je me rendrai aussi sur le terrain, en interne, auprès de mes conseils régionaux qui font le cœur de notre histoire. L’objectif de ces déplacements sera de renforcer la présence de notre institution, en plaidant la défense des intérêts de nos entreprises et de nos salariés. 

Au vu du contexte économique, nourrissez-vous des craintes pour l’année 2024 ?

Nous avons des inquiétudes grandissantes. L’économie se tend terriblement, l’intérim est en baisse et chaque secteur souffre à son échelle. Par exemple, la branche immobilière est particulièrement touchée. La conséquence est que les ressources fiscales liées aux droits de mutation et aux biens immobiliers des conseils départementaux et des communes sont en chute libre. Ce sont des charges sociales en moins, puisqu’il y aura des licenciements…

Comment gérez-vous cette double casquette de président et dirigeant ?

Ma seule crainte est de devenir à terme un frein pour l’entreprise et pour mon fils qui reprendra la direction. Dorénavant, j’ai beaucoup de devoirs annexes. Parfois, cela peut devenir encombrant pour notre société. C’est un poids supplémentaire. Il faut trouver son équilibre pour jongler entre les deux.

Quelle vision avez-vous du métier d’expert-comptable ?

Je connais la profession puisque j’ai passé un baccalauréat G2, un BTS de gestion, puis un DECS que j’ai stoppé entre-temps pour devenir entrepreneur. Selon moi, une entreprise ne peut se passer d’un expert-comptable. Il permet au dirigeant de prendre des décisions dans le sens de la rentabilité de l’entreprise et celui du respect des lois. Le quotidien de l’entrepreneur est tellement prenant et obsédant qu’exercer sans s’entourer de conseils annexes est inconcevable. L’expert-comptable doit donc être au cœur du projet de l’entreprise.


L’éco en Bref : + 3,7 %
C’est la hausse cumulée de CA sur la période du 1er au 3e trimestre 2023 par rapport à la période du 1er au 3e trimestre 2022. Au 3e trimestre 2023, l’indice de chiffre d’affaires (ICA) des 109 000 TPE-PME d’Auvergne-Rhône-Alpes de notre échantillon est de 101,7,soit une progression de 1,7% de leur chiffre d’affaires (CA) par rapport au 3e trimestre 2022. L’indice de chiffre d’affaires cumulé (ICAC) montre que les entreprises régionales ont vu leur activité augmenter de 3,7% depuis le début d’année, comparativement à la même période de l’année précédente.