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Ma mission est celle d’un capitaine de navire

Nommé directeur régional des Finances publiques d’Auvergne-Rhône-Alpes et du département du Rhône le 1er septembre 2022, Pascal Rothé assure également la tutelle des pouvoirs publics sur l’Ordre régional des experts-comptables par sa mission de commissaire du gouvernement. Le monde de l’entreprise fait partie de son ADN.

Avant de vous installer dans notre région, vous avez occupé plusieurs postes. Peut-on faire un retour sur votre parcours ?

Mon parcours est assez varié et concerne l’ensemble du territoire métropolitain et d’outremer, puisque j’ai exercé mes missions dans de nombreux départements et en administration centrale à Bercy. Administrateur général des finances publiques et directeur territorial depuis maintenant plus de dix ans, j’ai été directeur pour la première fois en Guadeloupe, où j’étais également commissaire du gouvernement pour l’Ordre des experts-comptables de la région. J’ai ensuite exercé la fonction de directeur territorial dans le Var durant cinq ans, dans le contexte de la crise Covid, avant d’arriver à Lyon en septembre dernier.

Quelles missions vous ont le plus marqué ?

Une de mes missions les plus sensibles reste celle en Guadeloupe. La population a été fortement marquée par l’esclavage ; cette histoire a laissé des traces dans les esprits et il n’est pas toujours facile de travailler dans un contexte qui peut paraître agréable sur le plan touristique, mais qui reste compliqué sur le plan social et économique. J’ai beaucoup apprécié de travailler en administration centrale à Bercy, où j’ai pu traiter des problèmes nationaux. Mon passage dans le Nord, marqué par l’état d’esprit incroyable des Ch’tis et une direction avec des services à dimension nationale, est aussi un très bon souvenir, à la fois intéressant et formateur.

Vous avez été nommé directeur régional des Finances publiques d’Auvergne-Rhône-Alpes et du département du Rhône le 1er septembre 2022. Comment voyez-vous votre rôle et votre fonction ?

Mon rôle s’articule autour d’un triptyque. Le grand public connaît essentiellement les missions fiscales : contrôle des impôts, tenue du cadastre et publicité foncière. Le deuxième pilier est la gestion publique qui implique le contrôle et le paiement de toutes les dépenses publiques, la gestion financière et comptable des collectivités locales, les opérations de trésorerie de l’État, la gestion de dépôts de fonds, l’activité de préposé de la Caisse des dépôts et la gestion domaniale. Enfin, s’y ajoutent les missions transverses comme les ressources humaines, la formation professionnelle, le budget, la stratégie… Ma mission est celle d’un capitaine de navire, je pourrais presque dire d’un bâtiment de combat, en écho à la base navale de Toulon, ma précédente affectation, où se trouve la plus belle rade d’Europe. Mon rôle est d’entraîner l’équipage, d’encourager l’engagement collectif pour mener tous les chantiers de modernisation et faire face en cas de tempête, comme avec la crise Covid ou encore la guerre en Ukraine.
Ma priorité absolue est aussi d’aller à la rencontre de tous les partenaires extérieurs. Très objectivement, depuis mon arrivée, j’ai eu un excellent contact et l’on ressent ici une volonté de collaboration évidente.

En Auvergne-Rhône-Alpes, la relation avec les experts-comptables est exemplaire.

Pascal Rothé, Directeur Régional des Finances publiques d’Auvergne-Rhône-Alpes et du département du Rhône

Vous avez été nommé commissaire du gouvernement et vous assurez donc la tutelle des pouvoirs publics sur l’Ordre des experts-comptables. Comment travaillez-vous concrètement ?

C’est une fonction que j’ai déjà exercée en Guadeloupe. Cette tutelle s’inscrit dans le cadre de la surveillance pour l’État des ordres professionnels avec une dimension de contrôle. Je suis également amené à présider la commission qui est chargée d’examiner les titres et l’expression des compétences des nouveaux entrants. Le commissaire du gouvernement intervient également en cas de poursuite disciplinaire à l’encontre de professionnels indélicats. En Auvergne-Rhône-Alpes, la relation avec les experts-comptables est exemplaire. Travailler en confiance est vraiment précieux car nous devons conduire ensemble toutes les actions auprès des entreprises, que ce soit en temps de crise ou même celles au long court, comme la généralisation de la facture électronique.

Quelle vision avez-vous du métier d’expert-comptable ?

Je suis extrêmement attaché à la promotion de l’activité économique et cette profession est un acteur indispensable et obligatoire dans le soutien à l’accompagnement de l’entreprise. C’est un partenaire vital, car chaque expert-comptable participe au respect des règles fiscales pour une concurrence saine et loyale. C’est un peu le sens du serment qu’ils prononcent pour exercer leur métier. L’expert-comptable est un « palpeur de terrain indispensable » et c’est la raison pour laquelle j’ai associé le Croec à des petits-déjeuners de l’économie, pour confronter nos perceptions et anticiper les difficultés que pourraient rencontrer les entreprises.

Quels sont, pour vous, les enjeux de la profession pour l’année à venir ?

Au-delà de leurs missions essentielles, la facturation électronique est vraiment LE sujet des trois années à venir. C’est une réforme dont peu de monde mesure l’ampleur mais dans laquelle la profession va jouer un rôle majeur dans l’accompagnement des entreprises. Le coût d’une facture aujourd’hui est de dix euros. Pour une facture électronique, c’est un euro… Ces frais vont donc être réduits, ce qui aura un impact sur la compétitivité des entreprises. Les opérations déclaratives seront simplifiées et la lutte contre la fraude plus efficace grâce aux remontées fiscales. Enfin, cela va aussi permettre de connaître, en temps réel, la santé économique de l’entreprise. Les PME et TPE ont vraiment besoin du soutien de leurs experts-comptables, qui pourront à leur tour compter sur la direction régionale des Finances publiques. Dans ce cadre, mais aussi de manière plus générale, je m’engage à promouvoir et amplifier la collaboration pour travailler, ensemble, en bonne intelligence.