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« Notre résilience sera notre fer de lance pour les prochaines années »

Élu à la tête de la chambre de métiers et de l’artisanat (CMA) Auvergne-Rhône-Alpes en novembre 2021, Vincent Gaud est un président qui dénote par son jeune âge et son franc-parler. Après un début de mandat passé à poser les bases d’une régionalisation globale de la CMA, cet entrepreneur du bâtiment, aujourd’hui âgé de 46 ans, revient sur ses projets pour l’artisanat régional.

Comment percevez-vous la situation actuelle de l’artisanat dans la région ?

L’artisanat se porte bien. Il y a une augmentation du nombre d’artisans en Auvergne-Rhône-Alpes. Nous comptons 227 000 entreprises artisanales, soit une hausse d’environ 37 % en cinq ans. Or, on remarque aussi une stagnation du nombre de salariés au sein d’entreprises de plus en plus petites et fragiles. Enfin, il y a un turnover des entreprises artisanales plus important qu’avant, du fait du régime fiscal des micro-entrepreneurs. Une singularité sur laquelle nous accompagnons, avec les experts-comptables, les entrepreneurs à passer le cap pour faire grandir leur entreprise.

Vincent Gaud, Président de la CMA Auvergne-Rhône-Alpes
Selon le dernier baromètre de la CMA Aura, six artisans sur dix sont inquiets pour la santé financière de leur entreprise. Quels sont les enjeux pour les prochaines années ?

Le contexte économique a un véritable impact sur les entreprises artisanales, puisqu’elles viennent de subir des crises successives. L’inquiétude est légitime et l’avenir est incertain. Par exemple, le guichet unique fonctionne encore très mal aujourd’hui. À cause de cette plateforme, beaucoup d’entreprises se lancent dans une activité artisanale sans contrôle de leur qualification par le réseau des chambres de métiers et de l’artisanat. L’autre défi à venir est la facture électronique. Énormément d’entreprises ne sont pas encore prêtes à sauter le pas. Nous devons donc les accompagner dès maintenant. Même constat pour la transition écologique avec les zones à faibles émissions (ZFE). Ce sont nos priorités.

Qu’en est-il des contrats d’apprentissage et de la prochaine baisse des niveaux de prise en charge par l’État ?

En Auvergne-Rhône-Alpes, nous sommes les premiers formateurs d’apprentis sur les niveaux CAP et BP des métiers liés à l’artisanat. Pour autant, le gouvernement nous impacte fortement avec la nouvelle loi sur la baisse de prise en charge des coûts contrats. Nous serons déficitaires sur l’ensemble de ces formations.
C’est grave ! On se demandera s’il est possible de continuer à former les jeunes de la région ou non, par exemple sur les CAP boulangerie, boucherie, peinture… Je suis très inquiet pour l’avenir avec d’un côté, un
président de la République qui souhaite « un million d’apprentis », et de l’autre, un gouvernement qui nous enlève des moyens qu’il redistribue aux lycées professionnels. Pourtant, nous sommes à 83 % de taux d’emploi, voire 90 % à la sortie de nos formations, contre environ 25 % pour ces établissements.

Quelle vision avez-vous du métier d’expert-comptable ?

L’expert-comptable est le premier interlocuteur de l’artisan. Il est indispensable à l’entrepreneur et au bon fonctionnement d’une
entreprise. Et je trouve que la profession a su dépoussiérer son image et gagner en dynamisme ces derniers temps.

La CMA Auvergne-Rhône-Alpes et l’Ordre des experts-comptables Auvergne-Rhône-Alpes ont signé fin 2022 une convention de partenariat en faveur de l’artisanat régional.
Relire l’article : Signature de convention entre l’Ordre et la Chambre des métiers et de l’artisanat