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Facture numérique : compte à rebours lancé

Octavie Véricel, vice-présidente de
l’Ordre des experts-comptables Auvergne-Rhône-Alpes

La facture numérique sera obligatoire à partir du 1er janvier 2026, mais dès le 1er juillet 2024 toutes les entreprises assujetties à la TVA devront être à même de recevoir les factures électroniques. Quel est l’intérêt de ce nouveau procédé pour les experts-comptables ? Comment va-t-il simplifier le quotidien des entreprises et des cabinets ? Octavie Véricel, vice-présidente de l’Ordre des experts-comptables Auvergne-Rhône-Alpes, revient sur cette transformation annoncée et ses opportunités.

Que va changer la facture numérique dans l’organisation des cabinets ?

C’est une révolution dans la gestion des entreprises. Les factures entre entreprises ou structures assujetties à la TVA ne seront plus envoyées. Il suffira de les déposer sur une plateforme avec l’identifiant du destinataire qui pourra, en se connectant sur sa plateforme, les récupérer et même les payer. Une obligation légale qui, pour nous les experts-comptables, va modifier notre façon de fonctionner avec nos clients. Nous pourrons, moyennant des accès encadrés, aller directement sur les plateformes de nos clients pour récupérer tous leurs flux. Au 31 décembre 2023, toutes les entreprises devront être enregistrées sur une plateforme, ce qui implique pour les cabinets de se mettre en ordre de marche dès maintenant. Tout un changement organisationnel est à instaurer bien en amont pour apprendre à utiliser ces plateformes.

Quelles seront les plateformes à même d’assurer ce service ?

En termes de plateformes, on a deux choix : la plateforme publique, Chorus Pro, a l’avantage d’être gratuite, mais propose des fonctionnalités de traitement assez limitées et peu ergonomiques. L’administration encourage les opérateurs privés à développer leur propre plateforme pour limiter les risques de cybercriminalité et un cahier des charges a d’ores et déjà été défini. À l’Ordre des experts-comptables, nous travaillons en partenariat avec Ecma qui développe sa plateforme, jefacture.com. Opérationnelle dès aujourd’hui, elle fonctionne bien et permet aux cabinets de se simplifier la vie en encourageant leurs clients à l’utiliser ; jefacture.com est payante, avec un tarif de 19 centimes par facture traitée. D’autres plateformes verront encore surement le jour, probablement une par secteur d’activité.

Si la facture numérique simplifie les démarches de comptabilité, cela signifie-t-il que les entreprises auront moins besoin des experts-comptables à l’avenir ?

Au contraire : même si demain l’administration aura un regard direct sur tous les flux économiques, nous continuerons de fiabiliser les données et de les traduire en comptabilité. Nous accompagnerons davantage nos clients qui pourront confier à leur expert-comptable toute la gestion administrative de leur entreprise. Le but de la facture électronique est de lutter contre la fraude fiscale et de simplifier la vie des entreprises, mais pas de supprimer la comptabilité. Nous continuerons à apporter notre analyse d’expert et développerons nos missions de conseil.