Télétravail

Difficile d’être pour ou contre le télétravail tant ce mode de fonctionnement s’est imposé ces deux dernières années. Au-delà du sujet général du travail à distance, il amène avec lui une nouvelle ère de réflexion pour la profession et la stratégie de chaque cabinet.

Philippe Jacquemet
Philippe Jacquemet

« C’est évident, le télétravail est attendu par les collaborateurs, impossible donc de ne pas le mettre en place sous peine de se priver de talents. Pour autant, doit-on accepter des talents qui demandent à ne travailler qu’en télétravail ? À mon sens non, car ce n’est pas forcément compatible avec la culture de chaque cabinet. Nous sommes clairement dans une réponse qui se doit d’être totalement sur mesure et modérée, le pour ou le contre systématique étant impossible. Un effet délétère du télétravail, s’il devient la règle, peut être la perte de l’intelligence collective. Si le télétravail est total, il n’y a plus de confrontations d’idées entre les équipes expérimentées et les nouveaux venus pour réfléchir à de nouvelles façons de procéder pour nos clients. On assiste à une stérilisation de la créativité et nous devenons des générateurs de missions attendues sans mise en route d’idées nouvelles. Nous considérons qu’il faut un an avant d’autoriser le télétravail pour les jeunes intégrés, quel que soit leur âge.Toute cette période initiale est capitale pour faire comprendre et intégrer la stratégie de notre cabinet aux nouveaux collaborateurs. Le télétravail, dans ce cadre, est contre-productif. Sentiment d’appartenance, services, organisation des bureaux, le travail à distance a un impact bien plus vaste. À chacun de trouver la solution la plus adaptée à ses collaborateurs mais aussi à ses clients. »

Cédric Allouard
Cédric Allouard

« Le télétravail ne se décrète pas, il s’anticipe et s’organise avec des modes opératoires clairs. Bien avant la période Covid, nous avons choisi de l’institutionnaliser suite à une demande forte de nos équipes lyonnaises notamment. Nous avons créé une charte dédiée car nous voulions que les règles de fonctionnement soient bien comprises par tous. Ce premier pas nous a permis de plus facilement recruter des jeunes. Après la Covid, nous avons été assez offensifs en étendant cette charte. Pour autant, le nouvel arrivé ne peut débuter en télétravail. Il doit dans un premier temps s’imprégner de la culture d’entreprise et des process, ce qui est capital pour être efficace. Le télétravail permet de casser la routine, de travailler sur des sujets en profondeur en étant moins dérangé. Casser le quotidien avec un système hybride est une source de créativité. Personne aujourd’hui ne peut être fondamentalement contre le télétravail ; soit par adhésion intellectuelle, soit par pragmatisme. Il est vital de prendre en considération ces nouveaux modes de travail sans rester prisonnier d’un fonctionnement ancestral. Aujourd’hui, le télétravail impacte bien des domaines de nos professions : la relation client, la conception de nos bureaux, la digitalisation, il n’est que la partie émergée de l’iceberg… C’est un sujet très vaste. »